Trois bonnes raisons…de ne pas dire à mes collègues que j’écris
Je n’ai pas dit à mes collègues que j’écris. Pourquoi ? Pour au moins les trois raisons suivantes :
Raison numéro 1 : les cartes en tout genre
Entre les départs à la retraite, les naissances et les mouvements de personnel (pour une mobilité interne vers une autre entité du groupe ou une mobilité externe) je dois fréquemment signer des cartes pour souhaiter un repos bien mérité, beaucoup de bonheur ou une bonne continuation. Je n’ai jamais d’inspiration pour ces choses-là. Or, si vous saviez que votre collègue est écrivain, vous seriez légitimement en droit de vous attendre à quelque chose d’original non ?
Raison numéro 2 : les comptes rendus de réunion
S’il y a bien une tâche à laquelle je cherche à échapper autant que possible, c’est la prise de notes en réunion. Je m’en tire en général en prétextant ma faible vitesse de frappe. Si mes collègues savaient que j’écris des romans de plus de 200 000 caractères, même en tapant à deux doigts, cette excuse ferait au mieux lever quelques sourcils, voire tomberait complètement à plat.
Raison numéro 3 : car ils sont une source d’inspiration
Eh oui, et c’est probablement la raison principale. J’ai des collègues capables de se lancer dans des débats improbables et enflammés sur les sujets les plus variés. La pause déjeuner et la pause café sont une mine d’or pour des oreilles attentives. Vous pensez que j’exagère ? Que nenni. Que ce soit des discussions inventoriant les théories du complot les plus farfelues, ou cette collègue qui nous raconte avoir rejoint un groupe clandestin de collage féministe, je suis presque sûr d’apprendre quelque chose à chaque fois. Certaines de ces discussions me donnent la matière pour rédiger des nouvelles, d’autres, venant se combiner à des idées que j’avais par ailleurs, pourraient faire l’objet d’un roman. Et je n’ai aucune envie que ces pépites soient filtrées, de peur qu’elles ne finissent dans un bouquin.
Un jour, je le leur dirai… ou ils le découvriront par eux-mêmes. Mais pas encore.