Trois bonnes raisons… d’écrire des nouvelles

Le roman est le format roi, c’est un fait acquis. Le seul à même de faire sortir un auteur de l’anonymat, non ? Alors pourquoi « perdre son temps » à écrire des nouvelles ?

La nouvelle permet de tester une idée et de voir si elle a le potentiel pour être développée en un roman

A mon sens, c’est un excellent moyen de tester une idée. Un écrivain jongle en permanence avec une liste d’idées. Il y a plein de (bonnes) raisons pour ne pas développer certaines de ces idées. Elles peuvent paraître trop ambitieuses, nécessiter un travail préparatoire trop important, ou simplement ne pas correspondre à ce qu’on a envie d’écrire. Il y a celles dont le potentiel ne fait aucun doute, et qui sont en ligne avec ce que l’on a envie d’écrire. Pour cette catégorie, c’est facile, il suffit de foncer. Et puis il y a un dernier type d’idées. Celles qui nous plaisent, mais qui, pour une raison ou pour une autre, nous font hésiter. Et pour ces dernières, deux attitudes sont possibles. On les conserve dans un coin de la tête pendant des semaines, des mois voire des années, le temps d’avoir mené à bien tous ses autres projets prioritaires. En espérant que, le temps passant, de nouvelles associations d’idées se présentent et viennent leur conférer la substance nécessaire pour en faire un roman. Ou bien, on en fait une nouvelle, ce qui permet de tester le concept auprès du public, d’avoir des retours de lecteurs. Ce qui n’interdit en rien de décider de transformer celle-ci en roman ultérieurement.

L’exemple le plus connu d’une nouvelle devenue roman est Des fleurs pour Algernon, de Daniel Keyes. La nouvelle a été publiée en 1959, puis le roman en 1966. Deux lectures que je recommande par ailleurs. Mais pensez bien à commencer par le roman, la nouvelle dévoilant déjà une grande partie de l’intrigue.

La nouvelle permet de s’essayer à des styles et à des genres variés

Se lancer dans la rédaction d’un roman représente un engagement sérieux. C’est un contrat que l’on passe avec soi-même. Je, soussigné XXX (remplacer avec votre nom), aspirant écrivain, m’engage à passer mes soirées, mes weekends, pendant une période indéterminée, à travailler sur un projet unique et à y investir une bonne partie de mon énergie et de mes espoirs.

Que faire si, arrivé au milieu du manuscrit, on se rend compte que l’on a perdu la motivation ? Que l’on ne croit plus à son histoire ? Le nombre de manuscrits inachevés qui dorment dans des tiroirs doit être stratosphérique.

La nouvelle apparaît comme une marche bien plus accessible. En réalité assez exigeante, mais qui permet au moins la satisfaction d’avoir accouché d’une histoire – avec un début, un milieu et une fin -, et ce en seulement quelques heures. Et, là où le roman demande une cohérence – la fameuse convention narrative – concernant le point de vue adopté, le temps, le genre et le style, chaque nouvelle est l’occasion d’expérimenter quelque chose d’entièrement différent. Certes, on peut s’appuyer en partie sur ses goûts en matière de lecture pour déterminer le genre de livres que l’on a envie d’écrire, mais est-ce suffisant ? Avant d’apposer sa signature mentale en bas du contrat pour l’écriture d’un roman historique nécessitant six mois de recherches, ne vaut-il pas mieux commencer par vérifier sur un format plus court que c’est vraiment dans cette période que l’on veut se plonger corps et âme ?

La nouvelle peut permettre de percer

Le roman étant le format roi, il est aussi le plus concurrentiel. Beaucoup d’appelés et peu d’élus, c’est la dure loi de l’édition. Et même dans le cas où l’on arrive à être publié, ce n’est pas la garantie d’être lu. Car, au milieu d’une offre pléthorique, encore faut-il arriver à trouver son public.

Alors pourquoi ne pas compter sur la nouvelle pour lancer sa carrière ? Pour se limiter aux auteurs français, ça a été le cas par exemple pour Anna Gavalda et Olivier Norek. La première avec la publication de son recueil Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part, et le second avec sa troisième place à un concours de nouvelles.

 

Il ne faut pas se voiler la face, la nouvelle reste un genre de niche. Mais à une époque où la lecture est en plein recul, les écrans captant de plus en plus l’attention, qui dit que ses plus beaux jours ne sont pas encore devant elle ?

 

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